Elmore Leonard est un scénariste et écrivain américain (1925-2013). Après des débuts dans la publicité, Leonard ou « Dutch », comme il était parfois surnommé, connut ses premiers succès dans les années 1950, en publiant des récits de western dans des pulps. Depuis, il s’est essayé au roman policier, et à d’autres genres, mais aussi à l’écriture de scénarios.
De nombreux romans de Leonard ont été adaptés en films, notamment par Quentin Tarantino en 1997, avec Jackie Brown (Tiré de son roman « Rum Punch ») et qui est le film du réalisateur que je préfère.
Le « King of Cool » du polar US, auteur de Maximum Bob, est cité en exemple par le « King » de l’écriture en personne : Stephen King.
Et dernièrement, Laurent Chalumeau, journaliste, scénariste et dialoguiste français, a publié un essai intitulé : « Elmore Leonard. Un maître à écrire » (Edition rivage), dans lequel il décortique son style et son œuvre ; considérant que ces fameuses Dix règles d’écriture aurait poussé l’auteur à se caricaturer lui-même dans ses derniers romans.
Voici ces fameuses règles
1 – Ne jamais commencer un livre par le temps qu’il fait.
Si c’est uniquement pour créer une ambiance, et non une réaction d’un personnage au temps, il vaut mieux ne pas s’attarder sur le sujet. Le lecteur est capable de sauter des pages entières pour chercher le moment où l’on parle des personnages. Il y a des exceptions. Si vous êtes Barry Lopez, qui a plus d’imagination qu’un Eskimo pour décrire la glace et la neige dans son livre Arctic Dreams, vous pouvez couvrir la météo tant que vous voulez.
2 – Evitez les prologues : ils peuvent se révéler ennuyeux, spécialement si le prologue vient après une introduction qui est elle-même suivie d’un avant-propos. Mais on trouve généralement ceux-ci dans des ouvrages qui ne sont pas de la fiction. Dans un roman, un prologue est une histoire qui résume le passé d’un personnage et vous pouvez l’insérer là où vous le souhaitez. Il y a un prologue dans Sweet Thursday de John Steinbeck, mais ça me va, puisqu’un personnage dans le livre résume le contenu de mes règles. Il dit : « J’aime quand on parle beaucoup dans un livre, et je n’aime pas quand on me dit à quoi ressemble la personne qui parle. Je veux deviner à quoi il ressemble à partir de la manière dont il parle. »
3 – Ne jamais utiliser d’autres verbes que « dire » pour porter un dialogue.
La ligne de dialogue appartient au personnage ; le verbe, c’est l’auteur qui vient coller son nez dans le texte. Mais « dire » est bien moins intrusif que « grommeler », « haleter », « avertir » ou « mentir ». Je me rappelle avoir lu une ligne de dialogue de Mary McCarthy qui se terminait par « she asseverated » (un terme anglais compliqué pour dire « elle affirma solennellement »). J’ai dû m’arrêter de lire pour aller chercher le dictionnaire.
4 – Ne jamais utiliser un adverbe pour modifier le verbe « dire »… admonesta-t-il gravement.
Utiliser un adverbe de cette façon (ou de presque n’importe quelle autre façon) est un péché mortel. L’auteur se met véritablement en danger en utilisant un mot qui distrait et peut interrompre le rythme de l’échange. Dans un de mes livres, j’ai fait dire à un personnage qu’elle écrivait des romances historiques « plein de viols et d’adverbes ».
5 – N’abusez pas des points d’exclamation.
Limitez-vous à deux ou trois par 100 000 mots de prose. Si vous avez le coup de main pour jouer avec les points d’exclamation comme le fait Tom Wolfe, vous pouvez les jeter dans votre texte par poignées.
6 – Ne jamais utiliser les mots « soudain » ou « l’enfer se déchaîna ».
Cette règle ne nécessite pas d’explication. J’ai remarqué que les écrivains qui utilisent « soudain » ont souvent peu de maîtrise dans l’utilisation des points d’exclamation.
7 – Utilisez les dialectes régionaux ou le patois avec parcimonie.
Une fois que vous commencez à orthographier les mots d’un dialogue phonétiquement et que vous chargez la page d’apostrophes, vous ne pourrez plus vous arrêter. Remarquez la façon dont Annie Proulx capture la saveur des voix du Wyoming dans son recueil de nouvelles Close Range.
8 – Evitez les descriptions détaillées des personnages, chose dont Steinbeck a déjà fait le tour.
Dans l’œuvre d’Hemingway Hills Like White Elephants, à quoi ressemblent « l’Américain et la fille qui l’accompagne » ? « Elle avait enlevé son chapeau et l’avait mis sur la table ». C’est la seule référence à une description physique dans l’histoire.
9 – N’entrez pas trop dans le détail lorsque vous décrivez les endroits et les choses, à moins que vous ne soyez Margaret Atwood et que vous ayez un don pour cela. Vous ne voulez pas de descriptions qui amènent l’action, le cours de l’histoire, à s’arrêter complètement.
10 – Essayez de rayer les passages que les lecteurs ont tendance à sauter.
Pensez à ce que vous sautez lorsque vous lisez un roman : d’épais paragraphes de prose où vous voyez qu’il y a trop de mots.
Ma règle la plus importante qui résume les 10 : si ça ressemble à de l’écrit, je le réécris.
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Sympa, juste, drôle, efficace et ma foi, le type il sait de quoi il parle, le King aussi, Tarantino itou, du beau monde quoi !
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Ah ils savent écrire les américains! Oups…pas d’exclamation…
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